Incendie de classe E : caractéristiques et prévention à connaître

L’eau projetée sur certains feux aggrave instantanément le danger au lieu de l’éteindre. La classification officielle des incendies regroupe pourtant ces situations dans une catégorie distincte, souvent mal comprise et encore trop fréquemment ignorée lors des interventions.

Les équipements standards de lutte contre le feu deviennent inadaptés, voire dangereux, face à des risques spécifiques. Une méconnaissance de cette classification expose à des erreurs qui compromettent l’efficacité des secours et la sécurité des personnes.

Comprendre la classification des feux : pourquoi distinguer les différentes classes ?

Impossible de traiter tous les incendies de la même manière. La variété des feux exige une approche différenciée, fondée sur la nature du combustible. Chaque classe de feu possède ses caractéristiques propres, qui conditionnent la stratégie d’attaque et le choix de l’extincteur. Bois, papier, hydrocarbures, gaz, métaux, autant de matériaux, autant de risques et de réactions face aux agents d’extinction.

La classification des feux s’appuie sur des catégories précises : A, B, C, D, F, et, selon les anciennes normes, la fameuse E. La classe A concerne les matériaux solides comme le bois ou le papier, ceux qui produisent des braises persistantes. La classe B regroupe les liquides inflammables et peintures, où les flammes se propagent vite, sans laisser de braises. Pour les feux de gaz (classe C), une intervention inadéquate peut déclencher une explosion ou relancer l’incendie. Quant aux feux de métaux (classe D), ils nécessitent des agents très spécifiques, l’eau et la mousse étant à proscrire sous peine d’aggraver le sinistre.

Voici les principales classes de feux, à connaître pour adapter la réponse en cas d’urgence :

  • Classe A : matériaux bois, papier, textiles
  • Classe B : liquides inflammables, peintures
  • Classe C : gaz
  • Classe D : métaux
  • Classe F : huiles, graisses de cuisson

Reconnaître les différents types de feux permet d’éviter les mauvaises réactions. L’agent extincteur doit être choisi selon la composition du combustible. L’enchaînement chaleur, oxygène, combustible reste le socle de la combustion, mais chaque situation présente des défis particuliers. Utiliser de l’eau sur un feu d’origine électrique, par exemple, ne fait qu’accroître le danger et peut avoir des conséquences dramatiques.

Incendie de classe E : quelles spécificités face aux risques électriques ?

La classe E fait référence aux feux d’origine électrique, une catégorie aujourd’hui moins mise en avant dans la réglementation mais qui garde tout son sens sur le terrain. Ce type d’incendie démarre au contact d’installations actives : tableaux électriques, armoires de commande, appareillages industriels, ou simples câbles mal entretenus. La spécificité du risque ? L’électricité reste présente, et chaque intervention comporte une part d’incertitude. Le courant amplifie la propagation de la chaleur, favorise l’inflammation des matériaux inflammables à proximité, et peut transformer un incident localisé en désastre global.

Les risques électriques bouleversent les habitudes. L’eau, réflexe courant face à un départ de flamme, devient source d’électrocution et de propagation supplémentaire. Dans ce contexte, le bon réflexe consiste à recourir au dioxyde de carbone (CO2) ou à la poudre spécialisée. Ces agents ne conduisent pas l’électricité et permettent une extinction rapide, tout en minimisant les dommages matériels et en maintenant la sécurité incendie.

Si la réglementation a évolué, poussant la classe E vers la sortie dans les textes européens, le risque demeure bien réel. Les feux d’origine électrique restent fréquents, que ce soit dans des usines, des bureaux suréquipés, ou des locaux où la densité de câblage atteint des sommets. Un tableau de commande en surchauffe, une prise abîmée, ou une batterie qui chauffe trop : le point de départ est souvent anodin, mais les conséquences peuvent être majeures.

Voici les points clés à retenir sur ce type de risque :

  • Origine électrique : présence de tension, surcharge, défaut d’isolation
  • Propagation : matériaux combustibles à proximité (isolants, gaines, textiles techniques)
  • Précautions : coupure d’alimentation, sélection d’un extincteur non conducteur, contrôle régulier des installations

La meilleure défense reste la prévention, qui passe par la formation, une maintenance sérieuse, et une vigilance constante. Construire une culture de la sécurité incendie implique d’organiser des audits, d’effectuer des contrôles périodiques et de sensibiliser chaque membre de l’équipe.

Extincteurs et feux électriques : comment choisir la bonne protection ?

Face à un feu d’origine électrique, le choix de l’extincteur ne relève pas du hasard. L’eau, championne des interventions classiques, ne doit pas être utilisée sur des appareils sous tension. Deux solutions se démarquent : le CO2 et la poudre polyvalente. Ces deux familles d’agents extincteurs ont l’avantage de ne pas conduire l’électricité, ce qui les rend indispensables pour protéger tableaux électriques, serveurs, ou locaux techniques.

Les extincteurs à poudre sont conçus pour agir sur plusieurs types de feux, y compris ceux impliquant des liquides ou des matériaux solides. Leur efficacité immédiate coupe la combustion, même au contact de composants électriques sensibles. Le CO2, quant à lui, a la particularité de ne laisser aucun résidu. Un atout, notamment dans les milieux où la préservation des équipements électroniques ou informatiques est une priorité. En quelques secondes, le CO2 prive la flamme d’oxygène, stoppe la propagation et limite les dégâts.

Chaque établissement doit évaluer ses propres risques et tenir compte de la configuration de ses installations. Entretenir régulièrement les extincteurs reste indispensable : ils doivent être opérationnels au moment où survient l’imprévu. Un balisage clair et une accessibilité sans faille peuvent faire la différence lors d’une intervention d’urgence.

Deux types d’extincteurs sont à privilégier selon les situations :

  • Extincteur à CO2 : parfait pour les armoires électriques, serveurs ou ateliers informatiques.
  • Extincteur poudre polyvalente : recommandé pour les installations électriques et les feux mêlant plusieurs matériaux.

Pour renforcer la sécurité incendie, assurez-vous que la signalisation soit bien visible et que les équipes reçoivent une formation adaptée à l’utilisation des extincteurs dans des environnements électriques.

Jeune femme affichant une affiche de prevention incendie dans un bureau

Adopter les bons réflexes pour prévenir les incendies liés à l’électricité

Sur le terrain, la prévention reste la meilleure alliée contre les incendies d’origine électrique. Éviter la surcharge des prises, éliminer les câbles défectueux, surveiller la vétusté des installations : chaque action compte. Un échauffement localisé peut transformer un simple tableau électrique en véritable brasier. Les batteries lithium-ion, de plus en plus présentes dans notre quotidien comme dans l’industrie, exigent une attention particulière : stockage rigoureux, contrôles fréquents, retrait immédiat des unités suspectes.

Dans le monde professionnel, la sécurité incendie s’organise autour de procédures concrètes. Vérifier régulièrement les armoires électriques, tenir les matériaux inflammables à l’écart des sources de chaleur, aérer les locaux techniques : ces gestes de routine deviennent des remparts efficaces. Former le personnel, c’est donner à chacun les moyens d’agir vite et bien dès qu’un départ de feu se déclare. Un extincteur adapté, facile à atteindre, peut changer le cours des choses.

Pour renforcer la protection, voici quelques actions à intégrer dans toutes les organisations, qu’elles soient publiques, privées ou industrielles :

  • Inspectez l’état des installations électriques : le moindre échauffement ou bruit anormal doit alerter et déclencher une intervention immédiate.
  • Utilisez des équipements certifiés pour les graisses et huiles de cuisson en restauration collective, car les feux de classe F se propagent en quelques secondes.
  • Installez des détecteurs de fumée et veillez à leur bon fonctionnement pour garantir une détection rapide.

La prévention s’ancre dans les pratiques quotidiennes : repérer les failles, anticiper les imprévus, former sans relâche. Avec une attention continue portée aux détails, le risque d’incendie d’origine électrique s’éloigne, laissant place à une maîtrise qui protège les personnes, les biens et l’avenir de chaque organisation.

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